Mathieu Reynes
Auteur de bd et bloggeur professionnel, Mathieu Reynes est le dessinateur entre autre de Banana Fight, Sexy gun ou Lola Bogota. Ce jeune mais néanmoins talentueux artiste effectue sa scolarité à Biarritz, et décolle ensuite à Bordeaux, où il étudie les Sciences. Il atterit plus tard à Angoulême pour suivre une formation artisitique et se lance finalement dans la bd avec son ami Frédéric Brrémaud (et oui avec deux 'R').
Bonjour Monsieur Reynes, Racontez-nous dans quelles circonctances avez-vous atterri dans le monde de la bd.
J’y ai atterri presque par hasard… je suis passionné de dessin et de bd depuis gamin et mon rêve était d’en vivre, mais si je n’avais pas vu la lumière je ne serais jamais entré ! En fait avant de rencontrer Frédéric Brrémaud je n’avais jamais concrètement pensé à présenter un projet à un éditeur. Et je pense que si je ne l’avais pas rencontré ce serait resté un rêve… Je crois que j’attendais tout simplement que ça me tombe dessus ; non pas parce que j’ai un ego surdimensionné mais parce que je ne me serais jamais senti prêt à passer le cap du dessinateur amateur à professionnel. Bref après un projet refusé partout (mais qu’on garde au chaud pour un de ces 4 quand même) on a présenté Banana Fight à Pierre Paquet qui l’a accepté. J’étais très content de démarrer chez un « jeune » éditeur parce que je savais que la pression serait moins forte et qu’on aurait carte blanche !
On remarque que toutes vos productions sont en collaboration avec Brrémaud, quelles en sont les raisons ?
Non pas que je me sente redevable de quoi que ce soit envers lui (ou lui envers moi) mais tout simplement parce qu’on s’entend bien, qu’on est généralement sur la même longueur d’onde et qu’on se marre bien ensemble ! Où et quand l'avez-vous rencontré ? Nous travaillions tous les 2 au CNBDI à Angoulême. On a finit par se croiser dans les couloirs et à discuter. Lui cherchait des dessinateurs pour se lancer dans la BD (il venait de signer Cœur de Royaume chez Soleil) et moi je me suis dit que c’était l’occasion de tenter le coup.
Pourquoi ne vous occupez-vous pas de la couleur de vos album, à l'exeption de Banana Fight ?
La couleur sur ordinateur me rebute. Je ne m’en sers que pour faire des illustrations ou des exlibris. Je serais plus tenté pour reprendre la couleur directe, mais la réalisation Banana Fight a été éprouvant de ce côté-là et je me suis un peu écoeuré des pinceaux. Je n’ai aucune formation artistique, j’apprends sur le tas et c’est souvent plus laborieux qu’après un passage en école d’art… Il faut aussi avouer que je ne suis pas patient du tout et passer trop de temps sur une planche me rend nerveux ! C’est aussi pour çà que j’ai préféré lâché ma couleur pour me concentrer essentiellement sur le dessin. Ces derniers temps j’y reviens petit à petit, j’ai ressorti mes pinceaux, et je suis sûr de remettre un jour ma casquette de dessinateur/coloriste.
Vos séries ont toujours une pointe d'humour, n'avez-vous jamais pensé à un album plus sérieux ?
On a essayé récemment mais le projet n’a pas été pris et avec le recul je crois que c’est tant mieux. Je ne sais pas si j’aurais eu plaisir un faire tout un album sérieux. J’ai plus envie de m’amuser et d’amuser le lecteur. Les histoires sérieuses, d’autres le font mieux que moi. Par contre une histoire courte, ambiance polar pur et dur ou même une histoire d’épouvante (j’adore les films et les romans d’épouvante) ça me tenterait bien. Mais dans l’édition BD les occasions de réaliser des histoires courtes sont rares...
Quelles sont vos lectures du moment en matière de bande dessinée ?
Je tourne en boucle sur pas mal de choses : Les Spirou de Tome et Janry, les Soda de Tome et Warnant, les Green Manor (Vehlmann/Bodart), les Marquis n’Anaon (Vehlmann/Bonhomme)… A part çà, dernièrement j’ai lu et apprécié Harlem (Brrémaud/Duhamel), les Tigresse Blanche (Yann/Conrad), Porphyre (Yann/Parnotte) et un tas d’autres choses mais ça ne me revient pas tout de suite (quelle honte !).
Avec qui voudriez-vous travailler ?
Il y a 2 scénaristes en particulier que je ne connais pas personnellement mais dont j’apprécie particulièrement le travail (pour des raisons différentes) c’est Vehlmann et Tome. Ce sont les 2 premiers qui me viennent tout de suite à l’esprit. Juste après vient Yann !
Un projet personnel en tête ?
Oui et non. Un tas de petits bouts de projets mais rien de concret. Jusqu’à maintenant j’ai réussi à intégrer mes envies personnelles dans mes collaborations avec Brrémaud (et Chanoinat pour Lola Bogota). Je m’investi de plus en plus dans le scénario de nos séries, je finirai sans doute par me jeter à l’eau et assurer un album tout seul. Une casquette de plus à enfiler !
Quelles sont vos cadences de travail ?
Pour les séries en one shot (Sexy Gun ou Lola Bogota) je tourne environ à 7/8 planches pas mois. Pour les gags (je dessine les Maîtres-Nageurs que je co-scénarise avec Brrémaud et qui sortira chez Bamboo en avril prochain) c’est plutôt 10 planches par mois. En gros je fais 2 albums par an ce qui me permet d’avoir de l’avance sur les publications, par exemple quand Lola Bogota tome 2 est sorti j’étais en train de terminer le tome 3 ! C’est un peu frustrant parce qu’entre la fin de l’album et sa sortie il s’écoule presque 6 mois et comme je l’ai déjà dit je suis plutôt impatient comme type !
Question argent tout se passe bien ?
Mes revenus me permettent de vivre exclusivement de mon dessin, dans ma maison et dans la région que j’ai choisi. Donc je n’ai pas à me plaindre ! Pour l’instant. Mais c’est une profession assez stressante de ce côté-là car tant qu’on n’a pas une série qui décolle vraiment au niveau des ventes on ne sait jamais de quoi demain sera fait. D’autant que mon amie est aussi dessinatrice, double dose de stress ! Il faut donc toujours être prêt à rebondir sur un nouveau projet si celui qui est en cours se plante. C’est comme aux échecs, il faut avoir plusieurs coups d’avance !
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