Jerry Frissen
Thierry Frissen a eu un soudain coup de blues et est parti s'installer, sans rien demander à personne, un beau jour, aux USA, à Los Angeles plus précisément. Après avoir publié quelques séries en Belgique, c'est au States qu'il trouve son succès avec Lucha Libre, rassemblement de séries sur les catchos dont il assure les scénario et la maquette.
Etant moi-même belge, il m'est souvent venu à l'esprit de migrer vers un autre pays, à cause du climat politique et du climat tout court, et pourquoi pas les Etats-Unis. C'est d'ailleurs, si je ne m'abuse, ce qui t'as pris, puisque tu habites à présent à Los Angeles. Comment s'est fait ce voyage ?
Il y a une dizaine d'années, j'ai fait une terrible crise d'angoisse. J'ai eu peur de vivre toute ma vie au même endroit, de faire le même métier, de voir les mêmes gens, etc. Alors, on a vendu tout ce qu'on avait et on est parti. La Californie nous semblait un bon endroit pour s'installer parce que ce que j'avais envie de faire à l'époque me paraissait plus facile à réaliser qu’en Belgique. Et puis j'avais aussi envie de savoir ce que c'était que d'être un étranger. Effectivement venir de Belgique facilite les choses. Je ne pouvais plus supporter le misérabilisme ambiant et le climat de merde. Mais bon, tout cela est plutôt personnel. Si les gens sont heureux en Belgique, tant mieux pour eux.
La vie aux States est-elle beaucoup plus différente que sur le vieux continent ? Des regrets ? Retournerais-tu ici ?
Je ne sais pas si je resterais toute ma vie aux USA, mais si il y a une chose qui est sûre c'est que je ne retournerais jamais vivre en Belgique. Ce serait bien au dessus de mes forces. Je me suis même un jour réveillé un matin en pleurant parce que je rêvais que j'y retournais... La vie ici est plutôt différente, oui. Mais comment expliquer ça en quelque lignes? Tout me semble plus facile à accomplir. Il n'y a pas cette lourdeur paralysante que je ressentais en Belgique. Je suis bien ici, il fait beau, culturellement, c'est merveilleux, je vois plein de trucs qui me passionnent, etc. Los Angeles est une énorme source d'inspiration. Beaucoup de ce que j'écris s'y passe où y a un lien quelconque avec la ville. Ceci dit, je regrette de ne pas voyager plus à l'intérieur du pays.
Comment as-tu réussi à publier des albums chez nous, alors que tu es sur un autre continent ? Etait-ce ton souhait ou tout ceci s'est-il fait dans l'ordre des choses ?
Je voulais faire de la BD étant jeune et j'ai commencé des études de BD à Saint Luc. Je n'y suis resté qu'un petit peu plus d'un an. En partant, je me suis juré de ne plus en faire et de ne plus en lire tellement je me suis ennuyé à Saint Luc. Je me suis remis à en lire une dizaine d'années plus tard et en arrivant à LA, j'ai trouvé un job de graphic designer dans la section US des HUMANOS. Il y avait là un gars que je n'aimais pas du tout et un jour j'ai appris qu'il avait écrit une histoire pour METAL HURLANT. Je me suis dit que si lui pouvait le faire, je pouvais le faire aussi. C'est comme ça qu'ont commencé les ZOMBIES QUI ONT MANGE LA MONDE. Et c'est comme ça que je me suis remis à la BD. Lucha-libre a été très bien vendu, de plus un site RPG et plusieurs Artoys ont été créés.
Comment c'est fait cette histoire, et comment en as-tu rencontré les dessinateur ?
J'ai vu trois pages de Bill et j'ai immédiatement eu envie de bosser avec lui. C'est comme ça qu'a commencé LUCHA LIBRE. Il m'a présenté Gobi, puis Fabien et le concept a pris forme. J'ai rencontré Witko à Angoulême en 2006 et je lui ai proposé de se joindre à nous. Même chose avec Tanquerelle dont j'admirais le travail. En fait, Hervé est le seul que je n'ai jamais rencontré –ce qui est bien triste. On se parle quasi chaque semaine mais on ne s'est jamais vu. Avant de signer les contrats, j'ai proposé aux HUMANOS de garder les droits dérivés et c'est comme ça qu'on a commencé à fabriquer des jouets. On a encore pas mal de trucs en chantier dont un qu'on va annoncer très prochainement. C'est probablement ça qui fait a particularité de LUCHA LIBRE, les auteurs sont en charge de tout.
Lis-tu autant de productions européennes qu'américaines ? T'informes-tu des nouveautés francophones ?
Je ne lis quasi pas de comics par manque de temps, si ce n'est quelques auteurs comme Charles Burns, Chris Ware ou Dan Clowes ou des trucs que des amis me passent. J'aime bien les vieux comics d'horreurs comme les EC COMICS où les CREEPY, EERIE, etc. J'en ai toute une collection. Je suis toujours resté un grand fan de Richard Corben, Wally Wood ou Bernie Wrightson. Vu l'éloignement géographique, je ne suis pas de très près ce qui se passe en France, mais chaque fois que j'ai un visiteur, je me fais ramener pas mal de trucs. Le pauvre Bill avait ses sacs remplis quand il est arrivé ici le mois dernier. Il y a aussi des auteurs dont j'essaye de suivre la production comme David B., Winshluss ou Stéphane Blanquet.
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